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    Compte-rendu soirée

    "Les secrets des araignées"

     avec Christine Rollard

    Une plongée dans le monde des araignées

    Compte-rendu rédigé par Roger Cans

     

    L’association Fous de nature avait pris un risque en invitant ses adhérents à une soirée consacrée aux araignées le 8 septembre à La Flèche (Sarthe). Qui oserait braver ses préventions, voire sa phobie, pour plonger ne serait-ce qu’un soir dans le monde méconnu des araignées ? Eh bien, le pari de Pascal Fournié, son président, a été gagné : 80 personnes sont venues ce soir-là écouter Christine Rollard, chercheuse « aranéologue » du Muséum national d’histoire naturelle, après un film tourné avec elle durant un an dans un village d’Auvergne, assorti de séquences rares prises dans des laboratoires étrangers.

     

    Christine Rollard l’a avoué elle-même d’emblée : le monde des araignées est encore très méconnu de la communauté scientifique, que ce soit dans le monde ou en France, qui ne compte qu’une dizaine de spécialistes patentés. En 2015, on dénombrait 42.000 espèces d’araignées dans le monde, dont quelque 1.700 en France. On en dénombre aujourd’hui 47.000 espèces, tant la connaissance des araignées progresse avec les nouvelles technologies. Nous voilà donc en présence de petits animaux que l’on retrouve partout sur la planète, aussi bien dans les maisons que dehors, jusqu’à 6.700m d’altitude dans l’Himalaya.

     

    Mais qu’est-ce qui distingue les araignées des insectes ? D’abord, elles ont huit pattes au lieu de six, ce qui leur permet de courir très vite. Elles ont aussi quatre, six ou huit yeux, au lieu de deux, ce qui leur permet de voir ce que les autres ne voient pas. Enfin, les araignées ont une spécialité absolument unique dans le monde du vivant : elles produisent un fil de soie au bout de leur abdomen, qui leur permet de construire leur toile, lorsqu’elles en font une, ou de tisser un tunnel jusqu’à leur terrier. Mais ce fil de soie sert aussi de moyen de transport à ces petites bêtes dépourvues d’ailes. Lorsqu’une araignée veut voyager, il lui suffit de lâcher du fil et le vent se chargera de la transporter comme une aéronaute, d’une fleur à l’autre, d’un arbre à l’autre. Car la plupart des araignées sont minuscules et voyagent ainsi à notre insu, même lorsqu’on aperçoit un « fil de la Vierge ». Cette faculté extraordinaire de produire de la soie à volonté fait que les araignées doivent être appelées « soyeuses » et non « poilues », comme les qualifient ceux qui ne les connaissent pas, et donc ne les aiment pas.

     

    L’araignée est presque toujours un animal solitaire, même si on la rencontre en nombre dans la nature. Les spécialistes n’ont catalogué que 23 espèces sociales. Elle vit donc seule l’essentiel de son existence (environ un an), sauf pendant la période de reproduction où elle cherche un partenaire, qu’il lui arrive de dévorer s’il n’est pas assez rapide ! Pour se nourrir, chaque espèce a sa technique de chasse. La plus connue est la toile géométrique, comme celle que l’on voit dans nos jardins, tissée par l’épeire (diadème ou autre). Mais ce peut-être une toile en nappe, à l’horizontale, ou en buisson fouillis, pièges invisibles que l’on ne décèle qu’avec la rosée du matin. Certaines ne fabriquent aucun piège et chassent à l’affût, comme la minuscule araignée crabe, qui se cache dans les fleurs, ou bien pratiquent la chasse à courre, en se précipitant sur leur proie à la course.

     

    A la différence des insectes, les araignées ne piquent pas : elles mordent. Certaines peuvent inoculer un venin pour immobiliser leur proie, mais ce venin ne peut tuer un homme. Les seules morts par morsure d’araignée se comptent sur les doigts des deux mains (une dizaine dans le monde), mais parce qu’il y a d’abord un mauvais état de santé ou une surinfection ensuite. Il n’y a donc rien à craindre d’une araignée dans sa chambre : c’est seulement un insecticide vivant, qui ne peut que rendre service. Cependant, l’araignée fait peur parce que ses activités, à l’intérieur, sont nocturnes, et que certaines sont piégées dans la baignoire, dont elles ne peuvent s’échapper sans notre aide (il suffit d’un verre et d’un petit carton pour la délivrer).

     

    Dans un souci pédagogique méritoire pour un chercheur du Muséum, Christine Rollard a organisé le lendemain une sortie de terrain dans une prairie de Durtal (Maine-et-Loire). Une vingtaine de curieux y sont venus et ont pu voir de leurs yeux combien une simple prairie, fauchée en juin, peut recéler d’araignées, cachées dans leur « loge » (et non pas « nid ») ou au milieu de leur toile. Il suffit  de faucher l’herbe avec une sorte de filet à papillons pour recueillir des dizaines de petites araignées que l’on examine ensuite à la loupe. On se rend compte alors qu’un seul mètre carré de prairie abrite des dizaines d’espèces, chose qu’on ne soupçonne évidemment pas lorsqu’on marche sans s’en soucier. Un week-end « araignées » dont on se souviendra.

     

    Roger Cans.

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